SÉLIGNAC - Monastère chartreux (Ain)

Maison Saint Bruno

 

" Effectuer une retraite à Sélignac dans cette ancienne chartreuse c'est rentrer en silence pendant dix jours : le silence du lieu, celui de la cellule et peut-être, avec Sa grâce, le silence intérieur "

 

Cette chartreuse, encore appelée "Val-Saint-Martin" fut fondée en 1202 au milieu d'une forêt de 180 hectares. En 2001 les derniers moines quittèrent la maison. Cependant, l'ordre désirant conserver cette chartreuse afin d'y voir se poursuivre une présence contemplative dans le silence et la solitude, a confié les lieux à deux laïcs, eux mêmes désireux de s'approcher de la vie et de la spiritualité de saint Bruno. L'ensemble du rythme de la vie de cette maison se rapproche autant que possible de celui de la vie en chartreuse.

 

 

 

l'ordre chartreux fut fondé il y a plus de neuf siècles par Bruno de Cologne, au creux d'un massif montagneux et sauvage de Alpes françaises.

Bruno est né à Cologne autour de 1030. Il part faire ses études en France, à Reins, l'une des facultés les plus célèbres d'Occident. En 1056 il est nommé écolâtre, c'est à dire maître général de l'université. Maître Bruno garde sa chaire un vingtaine d'années. Pourtant, il ressent le désir d'une vie plus totalement donnée à Dieu seul. Autour de la cinquantaine il rompt brutalement avec une existence au service extérieur de l'Église. Après un essai de vie érémitique de courte durée il vient dans la région de Grenoble : l'évêque, le futur saint Hugues, suite à un songe, lui offre un lieu solitaire et sévère dans les montagnes. Au mois de juin 1084 l'évêque lui-même conduit Bruno et six compagnons dans la vallée sauvage de la Chartreuse qui donnera à l'ordre son nom. Ils y installent leur ermitage et mènent une vie consacrée à la contemplation du visage du Christ...

 

 

la garde de la cellule.

elle est un ermitage aménagé pour assurer au chartreux une solitude aussi complète que possible, tout en lui procurant les nécessités de vie. Chaque cellule consiste en un pavillon à étage entouré d'un jardinet où le moine demeure seul la plus grande partie de la journée, pendant toute sa vie. C'est à cause de la solitude que chacune des maisons est appelée "désert" ou "ermitage"

 

Cette année j'occupe une cellule située autour du cloître et qui porte la lettre "N". Cette lettre est associée à cette citation latine "Nostra conversatio in coelis est" qui veut dire "Notre mode de vie est dans le ciel".

C'est un grand espace composé de deux niveaux et d'un jardin muré. Ce lieu de vie n'a guère changé de son origine et respire les siècles passé. Le niveau inférieur est destiné au travail manuel et il y reste un tour à bois dont l'entrainement se fait à l'aide d'une pédale à bascule. Le sol est couvert de vieux carreaux en terre cuite usés par le temps. Les murs sont chaulés sommairement et dans le fond des toilettes ont été installées : sans doute une première trace de modernité... et de confort.

L'étage quant à lui est partagé en deux pièces. La première est vide et dans un coin traîne ce qui semble être un métier à tisser démonté. L'autre pièce quant à elle est le lieu de vie, ou "le nid pour la vie" appelé le cubiculum. On y trouve un lit armoire en bois, un bureau, un oratoire, une penderie, un espace lavabo sommaire et une armoire de toilette pour la vie du corps.  Un petit espace réfectoire pour les repas et un poêle à bois.

Une quinzaine de livres sur la spiritualité cartusienne pour la vie spirituelle et intellectuelle.

 

 

Embrasser la vie cachée ne nous fait pas déserter la famille humaine... L'union à Dieu, si elle est vraie, ne nous ferme pas sur nous-mêmes, mais ouvre au contraire notre esprit et dilate notre coeur jusqu'à embraser le monde entier... Séparer de tous, nous sommes unis à tous ; et ainsi c'est au nom de tous que nous nous tenons en présence du Dieu vivant.

 

Statuts de l'ordre des Chartreux

 

Presque tous les secrets les plus élevés et les plus profonds ont été révélés aux serviteurs de Dieu, non point dans le tumulte des foules, mais alors qu'ils se trouvaient seuls

Guigues Ier

 

"le silence ne se fabrique pas. Lorsqu'on arrive devant le Seigneur avec l'esprit rempli d'images, l'activité intérieure encore en mouvement, les émotions toutes vibrantes, on se rend compte que l'on a besoin de silence ; la tentation est grande alors de faire silence. Comme s'il s'agissait de revêtir un vêtement de silence, de jeter sur tout ce bruissement intérieur une chape qui le camouflerait ou l'étoufferait.

Cela n'est pas faire silence.

C'est camoufler le bruit ou plutôt l'enfermer en nous-mêmes, de telle sorte qu'il y demeure toujours prêt à réapparaître à la première occasion. Il n'y a pas à créer le silence, il n'y a pas à l'introduire en nous. Il y est déjà et il s'agit tout simplement de le laisser revenir en surface de lui-même, de sorte qu'il élimine par sa seule présence tous les bruits opportuns qui nous ont envahis...

L'oraison ne consiste-t-elle pas souvent simplement à revenir progressivement au vrai silence ? Non point en faisant quelque chose, en s'imposant un carcan quelconque, mais au contraire en laissant peu à peu se décomposer d'elle-même toute notre activité sous la poussée intérieurs du vrai silence qui reprend peu à peu ses droits"

Paroles de chartreux

 

 

TOUT EST DIEU

Dieu est partout car Il est le principe même de la Vie. Et dans la Vie il y a d'abord de l'Amour, aussi peut-on dire que Dieu est Amour.

C'est qu'il en faut de l'Amour pour qu'un arbre pousse, pour qu'un fruit mûrisse, pour qu'un enfant grandisse, pour donner vie à toute cette manifestation cosmique. Et la Vie est plus forte que la mort dans la mesure où la mort fait partie de la Vie. A chaque instant quelque chose meurt pour renaître : la graine meurt pour qu'apparaisse l'arbre, le foetus meurt pour que naisse bébé, l'adolescent meurt pour que l'adulte advienne...

Alors pourquoi s'attrister de la mort ?

Celui qui vit en Dieu et avec Dieu en lui ne craint pas la mort car d'abord il vit dans la Vie et dans l'Amour et de plus il sait que la mort est la promesse d'un ailleurs et d'un renouveau que nous ne connaissons pas encore. Mais pour celui qui vit coupé de Dieu sans doute serait-il plus juste de dire que sa peur, davantage qu'à la mort, est avant tout liée à l'inconnu. En fait, celui qui vit sans Dieu vit sans la foi et sans l'espérance, deux vertus théologales avec la charité, qui permettent à l'homme de vivre la présence surnaturelle de Dieu.

 

 

Dieu nous a donné les moyens de communiquer avec Lui.

Par la foi nous adhérons à la vérité de cette vie divine qui nous est proposée.

Par la charité cette vie devient la notre.

Par l'espérance nous sommes certains d'obtenir un jour Sa grâce.

 

 

Naissance de la chrétienté

Au temps de la bible, Antioche était la capitale de Syrie. Et c'est dans cette ville que pour la première fois le nom de "chrétiens" fut donné aux disciples.

Chrétien traduit le grec "christianos" qui est formé de "christos" (Christ). Alors que toutes ces autres appellations ou à peu près (frères, croyants, disciples, saints, voie...) proviennent des intéressés eux-même, c'est dans le milieu non chrétien constitué de peuples païens que semble se situer la création du mot "chrétien", c'est à dire "partisan, adepte du Christ"

Son apparition manifeste que l'église d'Antioche est perçue par l'opinion non plus comme une secte juive mais comme un groupe religieux nouveau qui se réclame du Christ.

 

 

 

Ne se fait pas chartreux qui veut. Pour le devenir il ne suffit pas d'être accueilli fraternellement et de recevoir tous les éléments d'une bonne formation. Ne reste en chartreuse que celui qui a au fond de l'âme un appel plus puissant que toutes contradictions qu'il trouve en lui et autour de lui. La vocation cartusienne est une oeuvre de Dieu. Le concours de l'homme y est plus indispensable peut-être que partout ailleurs mais l'homme sait qu'il est totalement impuissant à la construire, laissé à ses seuls moyens. Il y a donc d'abord un appel. Celui-ci, purement intérieur, cherche à se réaliser au travers de moyens extérieurs, institutionnels, liés à un cadre dont la rigidité peut étonner. Une fois la décision prise, la découverte de la vie cartusienne concrète introduit en un univers dont les paradoxes sont souvent difficiles à accepter. Telles sont les étapes que l'on peut suivre.

 

 

Les Pères du désert le disaient déjà : "assieds-toi dans ta cellule et elle t'enseignera tout"

On a peur du face à face avec soi-même et l'on a en partie raison : dans la cellule, il n'y a personne pour nous applaudir ou nous siffler. Les masques tombent, on est en vérité face à soi-même. Dans le monde, quand on a un coup de blues, on écoute une musique, on regarde un DVD ou on va prendre un pot avec un ami... Cela fait peur, mais cette angoisse disparaît quand on sait que la stabilité et la fidélité indéfectibles de Dieu sont là ! Dans ce qui va mal dans ma vie, dans ce qui me blesse ou me fait honte. Dieu me rejoint et partage.

 

le symbole de l'ordre, les sept étoiles représentant Bruno et ses six compagnons. Sa devise : "Stat crux dum volvitur orbis" qui veut dire "Roulent les mondes, la Croix demeure" ou encore "la Croix reste stable tandis que le monde change"